Un article du groupe thématique Forêts de la France insoumise

Le projet de loi « Climat et résilience » sera examiné fin mars par l’Assemblée nationale.

Ce texte était censé refléter les propositions de la Convention citoyenne, dont 90% sont compatibles avec le programme de la France insoumise, l’Avenir en commun. 

Passés les discours grandiloquents du Président, les 149 propositions sont à ce point édulcorées que 100 organisations, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), le Conseil national de la transition écologique (CNTE) et le Haut Conseil pour le climat dénoncent l’insuffisance manifeste des mesures proposées pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. 

Alors que le tribunal administratif de Paris vient de reconnaître l’État responsable de manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique, le gouvernement présente un projet de loi baudruche aux citoyen·nes dont les vies sont déjà ou seront dramatiquement bouleversées si des mesures sérieuses ne sont pas prises. 

Jugez du sérieux : la forêt, puits de carbone naturel et outil contre le réchauffement climatique, est absente de ce texte. Il est pourtant urgent de sauvegarder ces écosystèmes dont la santé est gravement menacée par les sécheresses répétées et la prolifération d’insectes ravageurs, comme le scolyte, bénéficiaire du réchauffement qui ravage des massifs entiers d’épicéas. 

Loin de protéger les forêts, la politique forestière de l’État aggrave leur destruction : les coupes rases ruinent les sols et l’équilibre hydrologique, les nouvelles plantations sont essentiellement des monocultures alors qu’une forêt d’essences et d’âges variés permet une plus grande résistance au changement climatique, freine les épidémies, réduit la prolifération des insectes ravageurs, améliore la biodiversité et les paysages.

En formant une commission parlementaire citoyenne sur la forêt, dont les travaux ont permis dès cet été le dépôt d’une proposition de loi visant à limiter les coupes rases aux problèmes sanitaires avérés, la députée insoumise Mathilde Panot a permis que la question forestière soit portée au débat politique national. C’est également pour enquêter sur la gestion des forêts françaises que Jean-Luc Mélenchon s’est rendu dans le Morvan en octobre 2020. 

La forêt n’est pas présente dans la loi climat car pour la Macronie, c’est d’abord une histoire budgétaire de court-terme : faire des économies en détruisant l’ONF (Office national des forêts), même si ce service public est indispensable pour faire face à la catastrophe climatique, tout en subventionnant par centaines de millions sans réelles contreparties une filière industrielle dont les dégâts sont supportés par la collectivité. 

Le collectif SOS Forêt, qui réunit des associations, des syndicats, appelle à manifester le 1er mars à 11h devant l’Assemblée nationale pour que la loi climat soit réellement fidèle aux préconisations de la Convention citoyenne et intègre des mesures pour la forêt. 

Nous remercions le collectif pour cette initiative que nous soutenons et appelons tous les citoyen·nes qui le peuvent à la rejoindre pour exiger une véritable bifurcation écologique, dans laquelle la forêt en est un élément essentiel. 

Compte-tenu de l’état préoccupant des forêts, nous demandons la réévaluation rapide des objectifs de récolte et pour ce faire l’embauche massive d’agents publics. 

Pour que nos forêts vivent, nous sommes pour une nouvelle politique forestière d’abord élaborée avec les citoyen·nes et les collectifs indépendants des intérêts économiques.